Quatre jeunes hommes liés au mouvement suprémaciste blanc, masculiniste et néonazi des Active Clubs sont jugés à partir de jeudi dans la capitale suédoise pour avoir agressé des hommes d'origine étrangère ( AFP / INA FASSBENDER )
Quatre jeunes hommes liés au mouvement suprémaciste blanc, masculiniste et néonazi des Active Clubs sont jugés jeudi à Stockholm pour avoir agressé des hommes d'origine étrangère.
A l'ouverture du procès dans la salle sécurisée du tribunal, le procureur Gustav Andersson a expliqué les poursuites pour crimes de haine.
"Des personnes d'origine étrangère ont été choisies au hasard" pour être agressées, dit-il, et plusieurs des accusés "ont fait des saluts nazis filmés par des caméras de surveillance".
Au cours des perquisitions, des carnets avec des croix gammées, des autocollants avec l'inscription "aimer la Suède, détester l'islam" ont été retrouvés, selon l'enquête préliminaire consultée par l'AFP.
Les quatre accusés, âgés de 20 à 23 ans, appartiennent à Aktivklubb Sverige, la branche suédoise du mouvement international des "Active clubs", structurés autour de petits groupes locaux et autonomes qui entraînent leurs membres aux sports de combat et promeuvent une idéologie suprémaciste blanche et de l'hyper-masculinité.
- Muscles, cagoule bleue et jaune -
Ses membres "entendent reconquérir leur masculinité par la violence, une amélioration physique personnelle et l'établissement d'une fraternité solide dans laquelle les hommes se soutiennent mutuellement", selon un document du Centre de lutte contre l'extrémisme violent (CVE).
Ils sont encouragés à exercer cette violence en dehors des salles de sport contre des "cibles" choisies : immigrés, féministes, juifs, membres de la communauté LGBT+, explique Expo, une fondation de lutte contre le racisme, spécialisée dans la violence de l'extrême droite suédoise.
Ainsi, le 27 août vers minuit trente, en plein centre de la capitale suédoise, les quatre accusés attaquent un homme en lui assénant plusieurs coups au visage avec un parapluie. Ils lui volent sa casquette et ses écouteurs, tout en hurlant des insultes racistes liées à sa couleur de peau, selon l'accusation.
Une dizaine de minutes plus tard, ils s'en prennent à un autre homme, d'origine syrienne, et le rouent de coups jusqu'à ce qu'il perde connaissance. Il subit une commotion cérébrale et plusieurs de ses dents sont cassées.
La violence continue dans une rame de métro, où trois des accusés frappent au visage et au corps un troisième homme.
"J'ai été roué de coups, je ne me souviens pas exactement combien de temps cela a duré. Je n'ai même pas eu le temps de réfléchir qu'il (un des suspects, ndlr) prenait son élan pour me frapper de toutes ses forces", raconte la victime au procès.
"On sentait qu'il y avait une forte haine", ajoute-t-il, assurant avoir été traumatisé par cette agression.
Le concept des Active clubs a été fondé par Robert "Rob" Rundo quand il était en cavale en Europe pour échapper à la justice américaine après les émeutes en 2017 de Charlottesville, auxquelles avait pris part son organisation néonazie Rise Above Movement (RAM).
Les adeptes se mettent en scène sur les réseaux sociaux, torse nu, exhibant leurs muscles et cachant leur visage derrière des cagoules aux couleurs de la Suède, portant une bannière noire à l'effigie de leur mouvement.
- "Bruit ambiant" -
Le ministre suédois Johan Forssell s'exprime lors d'une réception à San Francisco, en Californie, le 20 février 2024 ( GETTY IMAGES NORTH AMERICA / Steve Jennings )
Particularité de ce pays scandinave sur la scène néonazie, ces groupes "sont dirigés par des personnes très jeunes", nées dans les années 2000 et qui recrutent encore plus jeunes qu'elles sur Tik Tok, parfois des garçons nés en 2011, avec pour but affiché de les former à la violence, dit Jonathan Leman d'Expo, qui a révélé en juillet l'appartenance à Aktivklubb Sverige du fils de l'actuel ministre des Migrations.
Les quatre accusés rejettent les charges retenues contre eux. L'un d'eux affirme qu'ils s'étaient retrouvés simplement pour boire des bières et passer du temps ensemble.
Anton Sundberg, l'avocat d'un des suspects, a appelé le tribunal à faire abstraction du "bruit ambiant" autour de cette affaire. Il a d'ores et déjà averti que son client ne s'exprimerait pas sur ses "convictions idéologiques" pendant le procès.
"Dans ce genre de situation, on risque facilement de se tromper lourdement", a dit l'avocat demandant aux juges de "réfléchir à ce qui a réellement été démontré", en examinant les agissements de chaque accusé et non du groupe en tant que tel.
Le procès se poursuivra les 3 et 4 novembre.

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